En 2021, Armel Tripon annonçait son souhait de disputer le prochain Vendée Globe à la barre d’un Imoca (classe de voilier monocoque de 60 pieds, soit 18,288 mètres, ndlr) créé à partir de fibres de carbone déclassées… le chantier est lancé.
Deux ans après le lancement de l’idée de construire un Imoca né du ré-emploi de fibres de carbone déclassées, fruit de la collaboration avec le Technocentre d’Airbus à Nantes, le projet devient réalité. Ce monocoque portera les ambitions sportives d’un skipper déterminé à démontrer qu’il est possible de combiner performance et éco-responsabilité, ainsi que l’énergie et l’engagement des soignants des P’tits Doudous qui donneront leur nom au bateau, soutenus par un collectif d’entreprises engagées auprès de l’association.
« Nous avons parcouru un long chemin, en partant de cette idée de faire ce bateau innovant, aux couleurs de l’association dont je suis le parrain, évoque Armel Tripon. Il a fallu être convaincants pour embarquer des partenaires et réussir à constituer un pool de trois banques pour nous permettre de lancer cette construction. Nous n’avons jamais cessé d’y croire ! Aujourd’hui, le fait de voir la coque se construire est un soulagement. J’ai parfois encore du mal à réaliser ! Dans le montage de notre projet tel que nous l’avons conçu avec Les P’tits Doudous, il y a eu un partage du stress. La grande chance pour moi, c’est qu’eux sont, au quotidien, confrontés à cette gestion de la pression, de la vie. J’ai été porté par leur sérénité, par cette confiance, ce positivisme ».
Fabriqué à partir de carbone ré-employé fourni par Airbus, ce monocoque, dont les pièces d’accastillage seront usinées à partir de titane collecté dans les blocs opératoires (matériel orthopédique) et chez des fabricants, sera le premier monocoque océanique à emprunter cette voie. Parce qu’un moule de coque en lui-même génère des déchets, Armel Tripon avait d’emblée fait le choix d’utiliser celui du Malizia de Boris Herrmann. Cette prise de conscience de la nécessité d’agir pour une course au large moins gourmande dans la conception de ses bateaux notamment, est une préoccupation de la Classe Imoca qui soutient le projet d’Armel Tripon. « La Classe Imoca est un laboratoire d’innovation, confirme Antoine Mermod, son président. Quand Armel nous a décrit les ambitions de son projet, nous avons rapidement vu la formidable occasion de tester une voie différente d’envisager la construction de nos bateaux. Nous investiguons et progressons depuis plusieurs années avec les différents acteurs vers des solutions nouvelles pour réduire l’impact de la construction. Celle proposée par Armel s’inscrit dans cette démarche et sera intéressante à voir évoluer. »
« Ce chantier va permettre de valider des choses à l’heure où il y a obligation à changer nos habitudes, y compris dans la construction des bateaux, ajoute le skipper des P’tits Doudous. C’est une opportunité pour tout le monde et j’en suis fier. Si demain on arrive, par exemple, à avoir une filière de construction en carbone ré-employé et une filière d’accastillage en titane recyclé, en collaboration avec Karver, on aura fait un grand pas en avant ! »
Prestataire spécialisé dans l’industrie aéronautique, Duqueine Atlantique avait la volonté de diversifier ses domaines d’expertises et, une approche qui avait séduit le skipper des P’tits Doudous ; la construction « en urgence » d’un mât neuf pour remplacer celui de l’Ocean Fifty après son chavirage en avril 2022 ayant achevé de le convaincre qu’il avait trouvé l’entreprise qui allait construire son Imoca. Les équipes installées à Malville (Loire-Atlantique) ont construit un bâtiment spécifique pour accueillir le premier bateau de leur histoire. « C’est une grande aventure, un projet inédit pour nous de pouvoir réaliser un ensemble de pièces aussi grand et un bateau pour faire le tour du monde. Cela soulève une belle énergie en interne et un vif enthousiasme de la part de toute l’équipe », détaille Nicolas Henry, Directeur de Duqueine Atlantique.
En appui, un collectif de partenaires engagés et un pool de trois banques se sont mobilisés pour donner corps à ce défi. L’aventure nécessite un budget de 2 M€ par an jusqu’en 2024. « C’est un challenge collectif que d’embarquer les soignants et les salariés des entreprises qui nous soutiennent à bord d’un même bateau, évoque Nolwenn Febvre, Présidente et Fondatrice des P’tits Doudous. Nous nous engageons aujourd’hui dans un projet sportif, performant à l’image de notre quotidien de soignants. Ce challenge est certes ambitieux mais nous nous devons de le mener au mieux et de nous donner toutes les chances de réussir, par respect pour les enfants, les soignants et les salariés des entreprises mécènes qui nous suivent et nous soutiennent ! »