Partenariats avec TF1, France Télévisions à la télévision, Orange et Yahoo! sur Internet, mais aussi la Ligue de football professionnel (LFP) et une dizaine de sportifs, la Française des Jeux montre les muscles à quelques mois de l’ouverture du marché des jeux d’argent en ligne. Elle vise la rentabilité pour ses paris en ligne dès 2012 en annonçant divers accords afin d’étoffer son dispositif pour rester l’opérateur dominant du marché.
C’est entendu. La Française des Jeux veut continuer de faire la course en tête. D’ailleurs, son PDG, Christophe Blanchard-Dignac, ne s’en cache pas : Nous ne voulons pas être seulement la référence de ce nouveau marché, mais le leader. Nous jouons à domicile. Le mastodonte a beau peser près de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires et compter sur un réseau physique supérieur à 38.000 points de vente, il entend prendre au sérieux la nouvelle concurrence annoncée. Une offre transfrontalière non régulée et qui ne participe pas au financement du sport, dixit le PDG de la deuxième loterie au monde. Pour ce faire, la Française des Jeux muscle son dispositif de communication, et annonce des nouveaux partenariats en pagaille.
Après avoir conclu un accord exclusif avec la Ligue de football professionnel (LFP) à propos de la Ligue 1, de la Ligue 2 et de la Coupe de la Ligue, pour 3 millions d’euros par an selon L’Equipe, et reconduit son partenariat avec RTL, elle s’associe avec Orange et Yahoo!, pour accroître l’accès à son offre ParionsWeb. L’accord avec Orange concerne ses portails Internet, mobile, et son support TV si la réglementation évolue. La FDJ devient le partenaire exclusif d’Orange dans les paris sportifs pour trois ans. Cet accord va nous permettre de nourrir l’ensemble de nos activités, a commenté Xavier Couture, directeur des contenus chez Orange. Des échanges de contenus éditoriaux entre les deux groupes sont également prévus. C’est déjà le cas depuis fin février puisque ParionsSport (site de paris sportifs chez les détaillants de la FDJ) parraine, sur Orange sport, le programme La ligue 1 de football Tour le samedi et Le grand match du samedi soir.
Autre initiative : la constitution d’une équipe d’une douzaine d’experts, anciens champions et journalistes sportifs. Y figurent notamment Christophe Dugarry et Bixente Lizarazu pour le football, Christophe Dominici pour le rugby, Fabrice Santoro pour le tennis, Jackson Richardson pour le handball, et Richard Dacoury pour le basket.
Un budget publicitaire cinq fois plus conséquent en proportion du chiffre d’affaires
Notre offre est connue, dit Christophe Blanchard-Dignac. C’est une offre que nous contrôlons. Car notre premier métier est celui de la sécurité. Pourtant, la Française des Jeux est prête à la bagarre sur le plan publicitaire. Les investissements pourraient représenter au départ 4% à 5% du chiffre d’affaires dans les paris en ligne, sachant que le budget publicitaire de la société représente bon an mal 0,7% à 0,8% de son chiffre d’affaires. Et comme l’entreprise compte en milliards, la facture totale peut vite grimper. En 2009, la FDJ a consacré quelque 80 millions d’euros à la publicité et à la communication.
A l’énoncé des accords, tous signés pour trois ans, il y a de quoi s’y perdre. Et pourtant, ils ont tous un point commun comme l’explique Christophe Blanchard-Dignac : La Française des Jeux est un opérateur grand public, tout comme nos partenaires. Et de rappeler que TF1 est la première chaîne d’Europe, que RTL est aussi la première radio de France, que 20 Minutes, non cité préalablement, est le quotidien le plus lu de France, etc. Faut-il également rappeler qu’une équipe cycliste, sport populaire s’il en est, porte le nom de l’entreprise depuis quatorze ans maintenant ?
Pour quel marché ?
Devant l’étalage fait par l’opérateur, il n’est pas illégitime de se demander si le jeu en vaut bien la chandelle. Car, quelle est la réalité de ce marché ?
Il est vrai qu’il existe beaucoup de fantasmes autour de ce marché, nous répond Christophe Blanchard-Dignac. Or, nous nous connaissons sa réalité lorsqu’il est régulé. Nous considérons que c’est un marché suffisamment important pour y trouver notre compte. Mais ce ne sera pas les milliards attendus. Concrètement, l’ensemble de ses activités de paris sportifs, y compris dans le réseau physique, devrait générer plus de 1 milliard d’euros cette année. Christophe Blanchard-Dignac a réitéré un objectif de part de marché de 25% en 2012, mais il a également annoncé un objectif de rentabilité de l’activité en ligne dès 2012.
En terme de chiffre d’affaires, 2010 devrait être marqué par un doublement par rapport à l’année dernière, avec un total de 100 millions, après une croissance de 60% en 2009. La Coupe du monde de football de juin prochain, qui fait office d’échéance gouvernementale pour la mise en oeuvre du projet de loi, constituerait davantage un rendez-vous médiatique qu’un enjeu économique. L’événement, qui s’accompagnera au passage du lancement d’un ticket de grattage relatif à l’équipe de France, devrait représenter 10% à 15% du chiffre d’affaires annuel de l’ensemble de son activité paris sportifs. Ce dernier représenterait in fine plus de 10% du chiffre d’affaires du groupe, contre 8% en 2009. Car rappelons-le, les revenus des paris sportifs en ligne n’étaient que de 43 millions d’euros en 2009 pour la FDJ alors que l’entreprise a réalisé 783 millions d’euros dans les paris sportifs dans le même temps.
Curieusement, la Française des Jeux n’a pas l’intention de proposer des paris hippiques, alors que le PMU proposera une offre large avec des paris sportifs. C’est un choix. L’hippisme n’est ni notre spécialité, ni dans notre culture, répond le PDG de la FDJ.
Selon l’entreprise, le nombre de paris sportifs proposés en ligne sur le site ParionsWeb, lancé en novembre 2009, devrait doubler, pour atteindre 2.500 propositions de paris. Le live betting (paris en direct durant le match) jusque-là interdit en France, et qui représente 50% des paris, arrivera également sur le site.