Veolia Environnement, Groupama et maintenant Foncia. Trois partenaires historiques ont annoncé consécutivement l’arrêt de leur sponsoring voile depuis le début de l’année. Pour noircir encore le tableau, ajoutons les budgets bouclés tardivement par les participants au prochain Vendée Globe ou le forfait du Team Energy des frères Peyron pour la Coupe de l’America 2013. Vent mauvais pour la voile ?
Foncia, le sponsor de Michel Desjoyeaux depuis 2007, se retire de la course au large prématurément. Deux ans avant la fin théorique du partenariat avec le navigateur, le groupe immobilier souhaite réorienter sa stratégie de communication. L’histoire prendra fin à l’issue de la grande boucle européenne, le Tour de l’Europe, course destinée aux MOD 70 partie de Kiel, en Allemagne, le 2 septembre pour s’achever à Gênes, en Italie, un mois plus tard. La décision n’a pas surpris le navigateur. Je n’ai aucune animosité, tout s’est bien passé, ils ont été corrects, et de toute façon dans nos métiers on sait bien qu’on est des intermittents du spectacle, souligne Michel Desjoyaux dans Ouest France. Foncia a pris cette décision pour des questions de choix stratégiques et de communication de l’entreprise. La vente en 2011 par le groupe BPCE de la majorité de ses parts de Foncia à deux fonds d’investissement a modifié la stratégie de la société. Il serait étonnant de retrouver la société dans le sponsoring sportif à brève échéance.
Le forfait de Foncia n’est pas le premier. Il y a quelques mois, un autre partenaire majeur de la voile avait stoppé subitement son engagement. En février, Veolia s’était retiré, laissant Roland Jourdain sans solution. En attendant l’arrivée de Paprec-Virbac 70 de Jean-Pierre Dick, ils ne sont désormais plus que cinq MOD 70 opérationnels pour deux en recherche de financements. La discipline est durement frappée par la situation économique. Malgré son succès historique dans la Volvo Ocean Race, Franck Cammas a appris le retrait de son sponsor de toujours, Groupama. Marc Audineau, Directeur de la communication de Foncia, ne voit pas corrélation entre ces différentes annonces. Notre décision n’a rien avoir avec les cas Veolia et Groupama, fait-il remarquer. Les budgets de communication ne sont pas extensibles, nous explique-t-il. Il faut faire des choix. Foncia veut réorienter ses ressources sur de nouvelles offres de développement. Il voit d’abord un concours de circonstances sur la concomitance des annonces.
Desjoyaux confiant pour la suite
Quid de l’avenir pour les skippers délaissés ? Les situations divergent. Roland Jourdain reste à la recherche d’un partenaire. Franck Cammas va faire une pige pour le défi italien Luna Rossa lors de sa préparation à la Coupe de l’America. Quant à Michel Desjoyaux, il fait preuve d’optimisme. Maintenant, ma société (Mer Agitée) est propriétaire du bateau, j’ai donc mon outil de travail, une équipe qui tourne, et coup de bol : la coque du bateau est blanche, plaisante le skipper le plus titré en solitaire. Il n’y a que les autocollants Foncia à enlever pour y mettre les couleurs d’un nouveau sponsor. La recherche d’un nouveau partenaire n’effraie pas le navigateur. Je suis convaincu que la voile est un support beaucoup moins cher que ce que les gens pensent, indique encore Michel Desjoyaux dans L’Equipe. L’homme a préparé ses arguments. Vis-à-vis du Saint Graal représenté par la télévision, le skipper a une réponse toute trouvée. On nous dit souvent : on ne vous voit pas souvent à la télévision, par rapport au football, dit-il. Mais proportionnellement au prix que cela coûte, on passe plus ! Et d’ajouter en guise que la voile permet d’inviter des clients, des VIP d’une entreprise à bord d’un bateau pendant une compétition. Les gens sont scotchés par les sensations provoquées par le multicoque. C’est un vrai plus.
Avec, entre autre, deux Vendée Globe à son palmarès, dont un avec Foncia, une Route du Rhum, une Transat Anglaise, trois Solitaire du Figaro, Michel Desjoyaux peut se targuer de références indéniables. Mais la période est-elle véritablement propice à la chasse au partenaire ? Le budget est fixé à 3,2 millions d’euros par an pour un accord de deux ans minimum (le programme des MOD 70 inclut la saison prochaine un nouveau Tour de l’Europe, mais aussi un tour du monde dont le départ sera donné en octobre 2013 mais dont l’arrivée sera jugée en avril 2014, ndlr). Ce qui suppose deux choses. Avoir besoin de communiquer autour de l’univers de la voile. Disposer ensuite d’un budget conséquent. Car en plus du partenariat avec Michel Desjoyaux, il faut être capable d’activer ce contrat pour l’intégrer dans sa stratégie de communication. Le skipper répond qu’il n’est pas inquiet.