Au travers du cas du défi Aleph Equipe de France, qui participe à l’America’s Cup World Series (AC World Series), Dominique Jubert, directeur associé en charge du développement et de la communication de l’agence Leroy Tremblot, présente pour Sponsoring.fr les enjeux du design sur ces nouveaux catamarans.
L’AC World Series inaugurale (en août au Portugal) était aussi la première régate pour les AC45 propulsés par une aile rigide de plus de 20 mètres. Est-ce un enjeu de communication ?
L’aile est un bijou technologique en carbone et film mylar. Elle a la particularité d’être livrée transparente. Oracle Racing, defender sur la 34ème Coupe de l’America, ou Emirates Team New Zealand ont choisi, par exemple, de l’habiller intégralement avec un mylar teinté. Il y a un vrai choix à faire sur la technique de marquage car le design ne doit pas pénaliser le sportif par un surpoids.
Quels sont les points à prendre en considération pour définir son design ?
Il faut chercher à se démarquer et créer un effet signal pour faire en sorte d’être reconnu plus vite que les autres catamarans lors des régates en flotte. La reconnaissance passe évidemment par la couleur puis le signe et enfin la typographie liée au nom, à une marque (Emirates). Le tout en tenant compte d’éléments perturbateurs comme la vitesse de déplacement, le tangage, la lumière, les vagues… Il est donc important d’étudier les codes couleur des autres bateaux pour bien se distinguer : noir pour Oracle Racing et Energy Team, noir et rouge pour Emirates Team New Zeland.
Êtes-vous soumis à des contraintes propres à la Coupe de l’America ?
Plusieurs. Avant de définir un projet, nous devons prendre en compte les règlements de class. L’aiguière, symbole de la Coupe de l’America, doit apparaître en différents endroits sur les voiles d’avant et en haut de l’aile. La nationalité du défi doit être présent par le drapeau sur la coque et l’aile au centimètre près. Nous veillons à l’intégrer esthétiquement dans le graphisme du multicoque. Autre contrainte, celle de la médiatisation et du format de la Coupe de l’America. De nombreux moyens de communication sont déployés pour suivre l’événement. Auparavant, les images étaient tournées depuis un hélicoptère. Maintenant, des caméras fixes sont embarquées. Certaines sont même accrochées sur le casque des skippers. À cela s’ajoutent les prises de vue depuis les bords de quai. Nous devons donc anticiper la visibilité apportée par tous ces supports de communication. De ce fait, nous devons décoder ce qui prime sur le bateau en matière de visibilité.
Et, qu’est-ce qui prime ?
L’humain. Les plans sont le plus souvent focalisés sur les manuvres des cinq naviguants. Par conséquent, nous travaillons aussi sur l’identification de leurs tenues qui font partie de l’identité tout comme leur l’environnement de manuvres. Les espaces autour du poste de barre ou sur la plateforme arrière sont stratégiques.
Quel a été votre parti pris pour le projet Aleph – Équipe de France ?
L’idée générale était de réaliser un habillage sobre et racé mettant en avant la marque Aleph et la France. La couleur dominante, bleu marine véhicule le statut d’équipe de France pour la Coupe de l’America au travers du partenariat avec la Fédération Française de Voile, dont le logo est présent dans le bas de l’aile. La signature Aleph avec la ligne rouge amène une tonique sportive tant sur les coques que dans l’aile. L’ensemble des marquages a été traité en monochrome blanc afin de conserver une bonne lisibilité des marques. Quant au numéro de course, le 9, nous en avons fait un élément graphique identifiant sur les voiles d’avant et les tenues de l’équipage en le traitant sous forme de cocarde bleu et rouge à la manière des usages en sport automobile. La partie basse de l’aile a été laissée transparente pour ne pas gêner la visibilité des skippers pendant les régates. Le haut de l’aile a été traité avec un bleu cristal permettant à l’équipe de pouvoir vérifier facilement la structure. Au-delà de cet aspect pratique, le rendu avec les effets de lumière sur le bleu participe à l’élégance du AC 45 français et amène l’effet signal dont nous avons parlé précédemment. Il est d’ailleurs intéressant de constater que dès les premières navigations à Cascais, les photographes officiels ont joué avec la transparence bleue de l’aile.
Pascale Baziller
Les AC World Series en bref
Circuit de régates régulières (3 en 2011, 9 en 2012 et 4 en 2013) pour permettre un entraînement constant des équipages, encourager l’intérêt pour la compétition et amener plus de sponsors pour les équipes avant la Coupe de l’America 2013 à San Francisco.