Renault a présenté la monoplace avec laquelle le constructeur français compte revenir sur le Championnat du monde de Formule 1 après le rachat de l’écurie Lotus F1. Objectif : se faire connaître dans les pays émergents pour améliorer les ventes.
Après avoir annoncé en décembre le rachat de Lotus – pour une livre symbolique et remboursement des dettes de l’écurie britannique -, le constructeur a présenté sa nouvelle monoplace au Technocentre de Guyancourt (Yvelines), la RS 16. La marque au losange a donné des détails sur son retour en Formule 1. Nous allons dépenser environ 300 millions d’euros en rythme annuel. Mais nous avons en face d’importantes ressources indique Jérôme Stoll, le patron « performance » du groupe, à l’occasion de la présentation.
Etre dans le show
L’objectif est d’atteindre les podiums dans les trois ans indique Carlos Ghosn, le PDG de Renault. Lorsqu’il accéda au poste de PDG du constructeur, en 2005, Renault F1 cumula coup sur coup deux titres de champion du monde (2005 et 2006). L’écurie avait atteint son zénith. Ghosn avait fixé pour objectif que l’écurie soit, au minimum, dans le show. C’est-à-dire aux avant-postes dans les Grands Prix afin d’être remarqué dans les médias. Ce qui était vrai hier reste d’actualité aujourd’hui.
Renault ne fera plus de la F1 comme avant, a prévenu Jérôme Stoll. Au sein d’une direction baptisée « Renault Sport Racing », l’équipe sera dirigée par Cyril Abitboul, déjà aux manettes ces dernières années lorsque Renault était motoriste. Le manager sera épaulé par Frédéric Vasseur, qui devient directeur de la compétition. Alain Prost ne figure pas dans l’organigramme, mais le quadruple champion du monde de F1 reste ambassadeur de la marque Renault, en plus d’être co-actionnaire de l’écurie Renault e-DAMS de Formule Electrique. En plus des investissements à Viry-Châtillon pour développer le moteur, Renault va renforcer le staff de l’usine d’Enstone, qui s’occupe du châssis. Ainsi, d’ici à la fin de la saison 2017, Enstone devrait compter pas moins de 200 personnes en plus. D’ici à la fin 2017 nous voulons à nouveau voir 650 personnes à Enstone, confirme Cyril Abiteboul. Nous allons ouvrir de nombreux postes, explique le directeur technique, Nick Chester. Certains recrutements ont déjà été lancés et dautres vont être annoncés dans les mois à venir. Nous voulons ajouter 200 personnes à notre équipe châssis.
La RS 16 a permis de faire connaissance avec les premiers partenaires. Pas de surprise, le pétrolier Total est là. On retrouve également en bonne place Infiniti, la marque haut de gamme de Nissan, l’allié japonais de Renault, qui était jusqu’ici sponsor titre de l’écurie Red Bull. Renault va également bénéficier d’autres sponsors à des niveaux moins élevés comme l’horloger français de luxe Bell&Ross, le spécialiste français de l’ingénierie acoustique Devialet, le groupe danois de distribution de prêt-à-porter Bestseller, les Américains Microsoft et EMC. En abandonnant son rôle de motoriste pour accéder au statut d’écurie, Renault accède à de nouvelles ressources. Le constructeur va bénéficier des droits télévisés. Cette somme sera gonflée grâce au statut de constructeur historique négocié avec Bernie Ecclestone, qui octroie des montants supplémentaires. Cela ne suffira pas pour équilibrer les comptes. Pour mesurer la rentabilité, il faut comparer le coût de la F1 avec le coût que l’on aurait investi en marketing et communication pour se faire connaître dans les pays que nous visons, répond Carlos Ghosn. En l’occurrence, il s’agit d’attaquer différents marchés : Chine, Inde, Amérique du Sud, Moyen-Orient. La raison pour laquelle nous avons décidé de revenir, c’est d’abord le marketing : dans les prochaines années, la croissance de notre groupe se fera dans des pays émergents, comme la Chine, l’Inde et le Brésil, où la F1 est l’un des sports les plus populaires. Nous devons utiliser notre présence en F1 pour doper nos ventes, ajoute le PDG de Renault.