Moins d’une semaine a suffi pour balayer le Credit Suisse et ses 167 ans d’histoire. Le rachat de Credit Suisse par UBS, annoncé au terme de négociations marathon avec les autorités helvétiques, signe la fin d’une véritable icône de la finance suisse et pourrait plonger le monde du sport dans un état nerveux.
La liste est longue. Et même très longue. Du tennis au football en passant par l’équitation et le golf, le Credit Suisse est un généreux sponsor de l’univers du sport. Sa descente aux enfers fait peser une lourde menace sur l’univers. Tiens une question parmi d’autres : comment va s’appeler désormais le futur stade de Zurich ? La banque avait acquis les droits de naming de l’enceinte (le Crédit Suisse A rena doit accueillir les équipes du FC Zurich et Grasshopper Club Zurich, ndlr) avant d’être rachetée par sa rivale et compatriote UBS pour éviter une débâcle.
« La banqueroute d’une banque systémique aurait causé des conséquences irréparables, que ce soit en Suisse ou dans le monde », selon la ministre des Finances suisse Karin Keller-Sutter. Tout commence le matin du mercredi 15 mars. Trois jours après le sauvetage de la Silicon Valley Bank (SVB) aux États-Unis, qui avait déjà semé la panique sur les marchés, le cours de Credit Suisse s’effondre suite aux déclarations de son premier actionnaire. Interrogé par Bloomberg TV quant à savoir si la Saudi National Bank, qui détient 9,9 % du capital, pourrait investir davantage, son président, Ammar al-Khudairy, répond qu’il n’en est « absolument pas » question, notamment pour des raisons réglementaires. Sa déclaration provoque la panique sur les marchés déjà chauffés à blanc par la crise bancaire qui fait tomber les banques régionales américaines comme des dominos depuis une semaine. Sans le soutien des Saoudiens, Credit Suisse sera le prochain sur la liste. Un écueil de plus pour la banque qui se trouve depuis deux ans au coeur d’une série de scandales qui lui ont fait perdre des milliards et ont terni sa réputation. En quelques heures, son cours dévisse de 30 %. Le groupe perd 10 milliards de francs suisses (l’équivalent en euro) de liquidité par jour ! Berne doit intervenir en injectant des dizaines de milliards de liquidités avant de pousser la banque aux 50.000 salariés dans les bras d’UBS. La première banque suisse devient un géant encore plus « too big to fail » , avec 5.000 milliards de dollars d’actifs sous gestion et plus de 120.000 employés.
Les contrats marketing maintenus en l’état
Sur le plan sportif, la banque Credit Suisse n’entend pas déroger à ses engagements. Le sponsor de Roger Federer (il est toujours un ambassadeur de la marque) participe à la pyramide du sport en Suisse. La banque soutient par exemple la Fondation de l’Aide sportive suisse, qui accompagne les espoirs dans leur parcours vers l’élite. « Nos activités de sponsoring reflètent notre passion pour l’excellence, la durabilité et le partenariat », s’enorgueillit Credit Suisse. La banque a toujours été « un partenaire fiable pour le sport », observe le journal Neue Zürcher Zeitung. « Pour l’instant, nous poursuivrons nos engagements correspondants sans changement », a déclaré à l’AFP un porte-parole du Credit Suisse.
La banque est depuis 1993 le principal sponsor de l’Association suisse de football (ASF). Le contrat court jusqu’au 30 juin 2024 et s’élève, selon le journal Blick, à environ cinq millions de francs suisses par an. Le logo de la banque continuera à figurer sur les vestes et les maillots d’entraînement des joueurs de l’équipe nationale, du moins tant que la marque Credit Suisse existera, assure le porte-parole de l’ASF, Adrian Arnold. « Nous avons eu de bonnes discussions avec nos contacts au Credit Suisse, qui nous ont assuré que les contrats existants seraient honorés », a-t-il précisé. La banque helvétique est également le premier sponsor du Championnat de Suisse de football, appelé Credit Suisse Super League. Selon Blick, le contrat court jusqu’en 2025, à hauteur d’environ huit millions de francs par saison. La banque est aussi le principal sponsor de la candidature suisse à l’organisation du Championnat d’Europe 2025 féminin de football. Le pays hôte sera désigné le 4 avril, moins d’un mois après la débandade de Credit Suisse.
Pour la suite ? Le repreneur UBS, dont les activités de sponsoring sont plutôt tournées vers la Formule 1, l’athlétisme et le hockey sur glace, pourrait vouloir laisser certains sports au vestiaire.