En 2003, plusieurs contrats ont été renouvelés, souvent avant le terme de l’accord précédent. Aucune grande épreuve ne change de chaîne, les détenteurs de droits privilégiant la continuité.
C’est le statu quo sur le front des droits de retransmissions des épreuves sportives. Malgré, ou à cause de, l’enjeu que représente la détention de droits TV de telle ou telle compétition, diffuseurs et producteurs ont trouvé plutôt facilement des terrains d’entente. En 2003, on était très loin de la bataille de 2002 sur les droits du football français. Un feuilleton qui n’a connu son épilogue qu’au mois d’avril de cette année. Dans l’impasse, Canal +, TPS et la Ligue de football professionnel (LFP) se sont entendues sur une prolongation d’un an du contrat actuel qui expire en juin 2004. Pour la saison 2004-2005, Canal + (deux matches décalés par journée de Ligue 1, plus l’émission jour de foot et le pay-per-view) et TPS (un match en exclusivité, plus le pay-per-view) verseront 375 millions d’euros à la LFP. L’appel d’offres pour les droits entre 2004 et 2007 – remporté par C+ mais annulé par le Conseil de la concurrence – est oublié. La LFP lancera une nouvelle consultation en octobre 2004 en attendant que le gouvernement ne légifère sur la délicate question de l’exclusivité. Ce cas extrême ne reflète pas la tendance de 2003.
Ligue des champions : TF1 baisse ses coûts… et son audience
Toujours en football, les contrats pour la diffusion de la Ligue des champions nouvelle formule ont été reconduits sans esclandre. TF1 et Canal + se partagent toujours la diffusion (jusqu’en 2006) mais selon une nouvelle répartition. TF1 a acheté le premier choix de chaque journée. Contre une somme très proche de 33 millions d’euros annuels (55 millions d’euros auparavant), la Une peut retransmettre le match de son choix le mardi ou le mercredi. La chaîne cryptée, qui assurait ne plus vouloir de la Ligue des champions, a les droits de tous les matches à l’exception du premier choix de TF1. Contre 26,5 millions d’euros (la moitié de ce que la chaîne versait auparavant), Canal + diffuse une rencontre en direct, les résumés des autres rencontres et a fait inclure dans l’accord son service de paiement à la séance et sa chaîne 100% sport, Sport +. Les premiers résultats d’audience ont donné des résultats contrastés. Très bons pour Canal +, moyens pour TF1. La première chaîne tâtonne dans le choix de son match. Elle tape dans le mille avec Real Madrid-Olympique de Marseille (plus de 9 millions de téléspectateurs pour une part de marché supérieur à 40%) mais se trompe avec Monaco-Eindhoven (à peine 6 millions de téléspectateurs pour une part de marché de 24,9%). Dans la foulée de la reconduction, à la baisse, de son contrat avec l’UEFA pour la Ligue des champions, Canal + a mis fin au Club Europe qui lui a coûté, depuis 1999, 158,54 millions d’euros. Dans le cadre de ce contrat, Canal + versait des sommes d’argent à six clubs – Paris, Marseille, Bordeaux, Lens, Monaco et Lyon – contre un droit d’option prioritaire dans le cas où ils deviendraient pleinement propriétaires de leurs droits TV.
Le rugby de plus en plus cher
France Télévisions a reconduit tous ses principaux contrats. Chronologiquement, le service public s’est d’abord assuré la présence du XV de France sur son antenne jusqu’en 2005. Un contrat de dix millions d’euros – chiffre démenti par Frédéric Chevit, directeur des sports de France Télévisions – qui ne comprend en fait que les rencontres des joueurs de Bernard Laporte sur le sol français. Le Tournoi des Six Nations – 7 millions d’euros – faisant l’objet d’une convention directement négociée avec l’International rugby board (IRB).
Le cyclisme et le tennis restent sur le service public
France Télévisions a ensuite signé un bail de cinq ans avec Amaury sport organisation (ASO). Jusqu’en 2008, France Télévisions versera 23 millions d’euros annuels pour le Tour de France cycliste et les autres courses contrôlées par ASO : Paris-Roubaix, Paris-Nice, la Flèche Wallonne, Liège Bastogne-Liège, le Tour de Picardie, la Classique des Alpes, le Grand Prix des Nations, le Tour de l’Avenir, l’Open des Nations et le Tour de Faso. Le nouvel accord comprend également le Dakar, l’Enduro du Touquet, l’Open de France de golf, le marathon et le semi-marathon de Paris. Les Internationaux de France de tennis resteront aussi sur le service public. Le précédent contrat (45,7 millions d’euros) avec la Fédération française de tennis (FFT), qui arrivait à échéance après l’édition 2004 de Roland Garros, a été reconduit jusqu’en 2009. Hors championnats d’Europe et du monde, le service public continuera également d’ouvrir une fenêtre au patinage artistique avec le Trophée Lalique, le Championnat de France et le gala de Courchevel. Avec une part de marché qui a chuté de 24 à 16% en quatre ans, la Fédération française des sports de glace (FFSG) a accepté une division par trois de ses droits TV à 450.000 euros annuels.
2 milliards de dollars pour les JO 2012
Prime à la stabilité donc cette année, mais tous les contrats n’ont pas été renouvelés à la baisse. Au niveau international, NBC restera le diffuseur exclusif des Jeux olympiques (été comme hiver) jusqu’en 2012 sur le territoire américain. Un contrat record de 2,201 milliards de dollars qui ne comprend dans les faits que les droits des Jeux d’hiver de 2010 et ceux d’été de 2012. NBC étant, depuis 2000, le détenteur des droits des Jeux jusqu’en 2008 contre 3,5 milliards de dollars. En France, la seule augmentation notable est à mettre sur le compte du basket-ball. TPS Star, la chaîne premium du bouquet satellite TPS, a acquis pour trois ans et 3,45 millions d’euros les droits de retransmission du Championnat de France de Pro A, des équipes nationales – hors championnats d’Europe et du monde -, la Ligue féminine, la Coupe de France, le Tournoi de la Fédération et la Semaine des AS. Un accord global destiné à relancer le basket-ball en France. L’opération a été conclue rapidement. Après avoir dénoncé le contrat de Sport + (1,04 million d’euros pour deux ans) le 31 mars, les dirigeants du basket français ont annoncé la conclusion d’un accord avec TPS Star dès le mois de mai. Malgré les contestations de Sport +, qui reprochait à la FFBB, à la LNB et à TPS de n’avoir effectué aucun appel à la concurrence, les conditions d’octroi des droits du basket-ball ont été validées par le Conseil de la concurrence en septembre.
Le sport, toujours fédérateur
Bataille juridique, règlement de compte par journaux interposés, les droits de retransmission des grands événements sportifs font toujours couler beaucoup d’encre. Devenu incontournables pour le trésorier d’une fédération ou d’un club, ils le sont aussi pour les chaînes. En mai, une étude d’Eurodata TV Worldwide rapporte qu’en 2002 les meilleures audiences des chaînes de télévision ont été des programmes sportifs. Le football représentant plus de 60% des dix manifestations les plus suivies dans les 60 pays sur lesquels était basée l’étude.
Le sport n’intéresse pas que les téléspectateurs, ils captivent aussi les lecteurs de journaux. La fin de l’année 2003 a vu le lancement du premier gratuit dédié aux sports et aux loisirs. D’abord mensuel, Sport, c’est son nom, distribué sur Paris et 10 autres agglomérations françaises – Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Nice, Rennes, Strasbourg et Toulouse -, sera hebdomadaire en 2004 pour surfer sur la vague des grands événements de l’année à venir que sont les Championnat d’Europe des nations en football et les Jeux olympiques d’Athènes.