Ancien patron des sports de Canal+, France Télévisions et plus récemment directeur éditorial de L’Equipe TV, Charles Biétry est le directeur dAl-Jazeera Sport France*, future chaîne disponible courant 2012. Le début dune nouvelle aventure pour ce journaliste passionné de sports qui aime la vie et les gens.
Vous avez été mandaté par le groupe qatarien Al-Jazeera pour créer une nouvelle chaîne de sports en France. Avez-vous le sentiment de vivre une histoire comparable à celle du service des sports de Canal+ il y a près de 20 ans ?
Laventure de Canal+ était merveilleuse, jy ai vécu des moments mémorables, jen garde des souvenirs extraordinaires sur le plan humain. Javais un patron fantastique, André Rousselet, et une équipe qui a inventé des modèles démissions toujours à lantenne. Jai travaillé avec des jeunes qui navaient jamais fait de télévision et qui sont aujourdhui des professionnels reconnus dans le paysage audiovisuel sportif. Cest une période qui est gravée en moi à jamais
Aujourdhui, les cartes ne sont pas les mêmes. Jai vingt-cinq ans de plus. Et, cest un miracle et une chance de participer une deuxième fois dans sa vie à une aventure très excitante. Mais à la différence de Canal+ où je suis resté vingt ans, la période que je consacrerai à ce projet sera moins longue… Et, puis jai toujours une bande de copains qui mentoure. Elle ne maurait pas pardonné de dire « non » à la proposition dAl-Jazeera.
Michel Denisot a dit dans une interview accordée au Parisien que vous savez toujours où vous voulez aller. Alors où voulez-vous aller avec Al-Jazeera Sport ?
Le plus haut possible même si personne ne peut faire des pronostics en télévision. On a vu des grands groupes ne pas réussir sur ce terrain, alors aujourdhui il sagit de construire la chaîne. Elle aura déjà une certaine originalité par son modèle et en dehors des événements comme la Ligue des champions, elle proposera une offre équilibrée et diversifiée avec des jeunes qui vont apporter de lenthousiasme. Tous les sports qui bien traités peuvent être de beaux sports télévisés auront leur place dans la grille. La chaîne privilégiera avant tout lhumain autour de différents formats qui mettront quelquefois laccent sur le volet pédagogique ou social du sport. Nous allons devenir un acteur majeur dans le paysage audiovisuel en France et dans le monde.
La retraite à Carnac, ce nétait donc pas pour vous ?
Cétait un choix pour des raisons personnelles. Mais quand on est confronté dun coup au néant (son meilleur ami est décédé), cest difficile. Dautant plus quand on a eu une vie agitée, bien remplie, on est perdu. Aujourdhui, jai lénergie pour redémarrer une nouvelle aventure ! Chaque jour qui passe je rajeunis, les douleurs que javais ont disparu, je suis heureux de vivre !
Et une passion pour le sport depuis mon plus jeune âge toujours intacte. Jai toujours été passionné par le sport. Jeune, je voulais être footballeur, jétais gardien. Les seuls clubs qui mavaient proposé de passer professionnel étaient Cambrai et Besançon. Jai refusé par un éclair de raison. Maintenant, on peut devenir professionnel, bien gagner sa vie et vivre des grands moments de sport en jouant en première ou deuxième division. Mais, à lépoque, si on ne jouait pas en équipe de France, on navait guère de perspectives. Comme jétais plutôt bon à lécole, une des façons de rester en contact avec le sport était de devenir journaliste sportif.
Un métier qui vous a fait vivre et vous fait vivre de grands moments ?
Toutes mes années à lAFP (Agence France Presse) mont apporté une ouverture sur le monde. Il y a eu la prise dotages des Jeux Olympiques de Munich en 1972 qui reste un moment fort mais aussi toutes les rencontres que jai pu faire au cours de mes reportages à travers le monde. Jétais le seul journaliste français à avoir un visa pour les pays de lEst ; à cette époque, il ny avait pas les moyens technologiques daujourdhui, pas dInternet, de portable, pour avoir une communication téléphonique, il fallait attendre 48 heures. Cest un métier que je nai jamais quitté, récemment je réalisais encore des reportages pour lÉquipe TV. Jai toujours mené de pair mes fonctions de journaliste et de directeur dans les différentes sociétés où jai travaillé. Le terrain est essentiel pour rester proche de la réalité et ne pas être déconnecté de la vie. Jestime que nous journalistes, nous sommes des privilégiés. Par conséquent nous nous devons de bien faire notre métier pour les téléspectateurs dautant plus quand on est une chaîne à péage.
Votre parcours na toujours pas été un long fleuve tranquille si on revient sur votre court passage au PSG ?
Jy suis parti très vite car je ne voulais pas être mis en examen. Cela na pas été une partie de plaisir mais les cinq mois (juillet à décembre 1998) les plus difficiles de ma vie. On parle de cet épisode mais on oublie que, pendant sept ans, au PSG Omnisports** nous avons obtenu des réussites phénoménales avec le volley-ball, le handball, le judo et le rugby.
Le sport demain pour vous, cest…
Le sport reste porteur de vertus, il peut servir des causes, même la paix. Jai toujours envie de le porter, de le défendre même si les dérives sont de plus en plus fortes aujourdhui. Néanmoins, je crois que ce sont les hommes qui font la différence, ceux qui servent le sport.
Pascale Baziller
* La chaîne a obtenu quatre lots sur cinq mis sur le marché par lUEFA pour la Ligue des champions, moyennant 61 M par saison
** Club omnisports créé en 1992 (sous limpulsion de Charles Biétry) et démantelé entre 1998 et 2002