Cadillac F1, qui deviendra en 2026 la 11e écurie du championnat du monde de Formule 1, s’installe petit à petit dans le grand cirque de la F1. La tournée médiatique de son team principal, Graeme Lowdon, et les confidences des autres patrons d’écurie permettent de mieux comprendre pourquoi le constructeur a été accepté.
Le constructeur, qui appartient au géant américain General Motors et sera motorisé par Ferrari, a reçu début mars l’approbation finale de Fédération internationale de l’Automobile (FIA) et la Formule 1 pour rejoindre la grille en 2026, année qui marquera aussi l’entrée en vigueur d’une nouvelle règlementation technique. Déjà présente en IndyCar, l’écurie américaine a ainsi pu officiellement commencer son travail, bien qu’elle ait lancé ses préparatifs officieusement dès novembre. Interrogé par plusieurs médias, Graeme Lowdon, team Principal de la onzième écurie du plateau, affirme que l’équipe ne cessera de grandir : « Nous avons déjà un peu plus de 300 personnes qui travaillent sur le projet actuellement (…) et nous nous renforçons chaque jour. Ces 300 personnes se sont engagées avant même d’avoir notre entrée officielle sur la grille. Maintenant, il faut continuer à nous construire. Pour l’instant, il s’agit surtout de recruter. Nous construisons une équipe très performante, nous voulons que ce soit le meilleur endroit où travailler en Formule 1 et nous pensons sincèrement que nous pouvons y parvenir. »
Lowdon est conscient que la tâche sera loin d’être évidente, puisque Cadillac n’a encore jamais conçu de F1 : « Nous allons construire notre toute première Formule 1 Cadillac et nous allons nous mesurer à des gens qui ont construit, dans certains cas, des centaines de voitures. Comment pouvons-nous rivaliser ? Nous ne pouvons pas être arrogants en affirmant que nous possédons une base de données et d’expérience, car ce n’est pas le cas. C’est pourquoi nous nous concentrons d’abord sur les personnes. »
L’arrivée de Cadillac réjouit désormais les autres formations, initialement opposées au projet Andretti, mais favorables à l’ajout d’un grand nom de l’automobile mondiale. « La grande différence avec Andretti, pour être très clair, c’est que GM et Cadillac sont de grandes marques qui apportent avec elles une énorme reconnaissance et, je pense, mettront le sport dans une meilleure position en attirant plus de sponsors », analyse James Vowles, le directeur d’équipe de Williams. « C’est une grande marque, une grande entreprise, et elle apportera des éléments au sport que nous n’avons pas aujourd’hui. »
« C’est une excellente nouvelle pour le sport » abonde Andy Cowell, le patron d’Aston Martin. « Le fait que Cadillac et General Motors rejoignent la F1, qu’ils aient décidé que c’est l’environnement dans lequel ils veulent évoluer, témoigne de la croissance et du succès de la Formule 1. J’ai hâte de les voir arriver. Deux voitures de plus sur la grille ce sera bon pour le spectacle et pour les fans. »
« Je pense que nous devons éviter d’être arrogants. L’industrie automobile traverse une période difficile », alerte Frédéric Vasseur, le patron de Ferrari. « Pour moi, avoir un autre constructeur dans le championnat est une bonne nouvelle. Et le fait que ce soit un constructeur américain en est une autre. C’est une bonne chose tant que l’équipe est solidement structurée, et je pense que c’est le cas aujourd’hui. »
Le soutien stratégique de General Motors et de TWG, un fonds d’investissement fait ainsi toute la différence selon Lowdon. « GM n’a plus besoin d’être présenté, mais ce qui me plaît particulièrement dans leur implication, c’est que ce n’est pas simplement un exercice de branding où l’on colle un logo sur une voiture. C’est un engagement total de la part d’une entreprise extrêmement avancée sur le plan technologique, et nous allons pleinement bénéficier de cette expertise. » Quant à TWG, « un véritable mastodonte du sport et du business », il possède « des intérêts dans un large éventail de disciplines, pas seulement le sport automobile, mais aussi la NBA, la Premier League et bien d’autres. Nous pourrons ainsi tirer parti d’une approche et d’une vision enrichies par leur expérience multisports. »
Avec l’introduction des budgets plafonnés et une santé financière de la F1 meilleure, le contexte économique est également différent, poursuit le patron de Cadillac F1 : « La dernière fois que j’ai participé à l’arrivée d’une nouvelle équipe en F1 (Marussia-Manor, ndlr), les règles du jeu ont changé de façon radicale. »
Cependant malgré cet optimisme, le Britannique se garde bien de fixer des objectifs précis à son équipe. En 2026, il s’agira surtout d’apprendre. « Tout dépend aussi des autres équipes, dit-il. Nous ne savons pas à quel point elles seront compétitives. Le défi est tellement plus grand que celui de tous nos autres concurrents. Mais nous bénéficions d’un très bon soutien et avons des gens formidables à bord. Nos ambitions sont vraiment illimitées. Et elles doivent l’être. Mais nous devons aussi être réalistes, la Formule 1 est un sport difficile. Donc pas d’objectifs, nous devons donner le meilleur de nous-mêmes. » Il lui reste désormais moins d’un an pour être totalement opérationnelle en vue du début de la saison 2026, marquant ainsi ses débuts en Formule 1.