La hausse continuelle du niveau d’endettement menace l’avenir des clubs de football de première division anglaise, nous dit l’étude financière annuelle du cabinet Deloitte. Pourtant, les finances des clubs de Premier League devraient survivre à la crise économique mondiale.
L’étude, qui se fonde sur les résultats économiques de la saison 2007-2008, révèle que l’endettement total des 20 clubs de première division a atteint 3,1 milliards de livres (3,6 milliards d’euros). Un montant déjà dévoilé par le président de la Fédération anglaise de football (FA), David Triesman, qui avait tiré la sonnette d’alarme sur le sujet il y a plusieurs mois de cela. Si tout part de travers, il n’est pas inconcevable de voir un grand club, ou un petit club, subir une pression inédite, avait mis en garde Triesman. A la question de savoir si une faillite était envisageable, Triesman avait rétorqué: Est-ce que je redoutais que Lehman Brothers s’effondre ? Non. Ce que je sais, c’est que nous sommes dans une situation instable où ce n’est pas seulement le volume de la dette qui importe, mais où elle peut être un problème parce que ceux qui la détiennent sont désormais eux mêmes dans de graves difficultés, expliquait-il alors, relevant le manque de transparence sur qui détient cette dette lors d’un colloque, Leaders in football organisé à l’automne dernier.
Pour Alan Switzer, membre du cabinet Deloitte, cet endettement ne doit pas être pris à la légère, dans la mesure où les clubs ne sont jamais à l’abri de contre-performances sur le terrain, comme l’a montré la récente relégation de Newcastle United en deuxième division (NDLR : le club, l’un des plus populaires en Angleterre, vient d’être mis en vente). Plus vous êtes endettés, plus vous pouvez être vulnérables si vous subissez une perte de revenus comme une non-qualification en Ligue des champions ou dans le pire des cas une relégation, explique Alan Switzer.
Les salaires pèsent 81% du budget de Chelsea
Les quatre grands clubs (Arsenal, Chelsea, Liverpool et Manchester United) seraient à eux-seuls endettés pour le tiers de la somme globale. Selon les derniers chiffres disponibles, la dette de Chelsea serait de 619 millions de livres, celle de Manchester United de 604 millions de livres, celle d’Arsenal de 318 millions de livres. Toutefois, les situations différent d’un club à un autre.
La reprise de Manchester United, le club le plus vertueux au monde, par le milliardaire américain Malcolm Glazer a fait bondir sa dette. C’est par l’emprunt que l’Américain a mis la main sur MU. Ses deux compatriotes George Gillett et Tom Hicks ont opéré de la même façon pour enlever Liverpool contre 174 millions de livres (voir encadré). A Arsenal, le montant de la dette tient au lourd investissement consenti pour construire l’Emirates Stadium. Depuis, les recettes d’Arsenal ont explosé. Mais le ralentissement du marché de l’immobilier lui est préjudiciable puisque la transformation du stade d’Highbury en appartements ne se passe pas aussi bien que prévu. Chelsea est, comme toujours, hors concours. Sa dette provient des dépenses réalisées sur le marché des transferts par son milliardaire de propriétaire, le Russe Roman Abramovich. Outre le niveau de la dette, on remarquera l’inflation des salaires pratiqués en Premier League. Ils ont augmenté de 23% pour atteindre 1,2 milliard de livres (1,4 milliard d’euros). Si les salaires représentent moins de 50% des revenus de Manchester United, le champion, et d’Arsenal, ils s’élèvent à 81% à Chelsea et même à 124% à Hull City !
Les clubs de l’élite anglaise, brièvement éclipsés par leurs homologues allemands, sont cependant redevenus les plus rentables d’Europe, malgré une forte remontée des clubs italiens, dont les recettes ont progressé de 34% en 2007-2008.
La deuxième division anglaise progresse à grands pas
Dans un contexte de crise économique, le cabinet Deloitte estime que les finances des clubs anglais devraient résister. Si beaucoup de clubs ont dû geler ou baisser le prix des billets pour maintenir les affluences dans les stades, les augmentations des droits télé devraient maintenir la tendance générale en légère hausse.
A noter enfin le succès populaire de la deuxième division anglaise. Avec 24 clubs professionnels, elle se classe désormais désormais au troisième rang européen au nombre de spectateurs, avec près de 16 millions de fidèles, derrière la Bundesliga allemande et la Premier League. Loin devant la Ligue 1 et ses 8 millions de spectateurs.