L’UEFA annonce l’exclusion de Manchester City, l’un des clubs les plus riches du monde, de toutes compétitions européennes pour les deux prochaines années. Le club anglais, sanctionné pour non respect du fair-play financier, fait appel devant le TAS (Tribunal arbitral du sport).
En l’état, Manchester City ne participera pas aux deux prochaines campagnes de Ligue des champions. Avant la reprise des joutes européennes, l’UEFA en a fait l’annonce officielle. Soupçonné d’avoir truqué ses comptes pour être dans les clous du fair-play financier (ne pas dépasser les 30 M€ de déficit sur trois exercices, ndlr), le club mancunien a été exclu de toutes compétitions européennes pour les deux prochaines années. Propriété d’un membre de la famille régnante d’Abu Dhabi, City est sanctionné pour avoir commis de «sérieuses violations en surévaluant les revenus issus des contrats de sponsoring dans ses comptes portant sur la période 2012-2016». Manchester City écope en outre d’une amende de 30 M€.
Man City/PSG, deux cas particuliers
Depuis l’instauration du fair-play financier, il y a bientôt dix ans, beaucoup doutaient que l’UEFA punisse un jour sévèrement un cador européen. La décision d’exclure purement et simplement Manchester City sonne comme une réponse cinglante. Mais c’est surtout le scénario qui est intéressant ici. La chambre de jugement de l’instance de contrôle financier des clubs (ICFC) de l’UEFA a agi à la suite d’une enquête des Football Leaks, publiée en mars dernier dans l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. L’enquête mettait à jour le système mis en place par le club anglais pour gonfler artificiellement ses recettes et être ainsi à l’équilibre.
Pour faire simple, plusieurs sponsors de City ne payaient qu’une infime partie des énormes contrats signés, les autorités d’Abu Dhabi réglant en fait en sous-main l’essentiel des factures. Comme le Paris SG ? Non, pas tout à fait. Le PSG s’est retrouvé sanctionné pour avoir surévalué ses contrats marketing avec un seul et même donneur d’ordre : l’Etat du Qatar. La nuance est faible, mais l’un a cherché à masquer ses comptes, quand l’autre a toujours assumé vouloir siéger dans la cour des grands. Après avoir pris connaissance de ces articles de presse, la chambre d’instruction de l’ICFC a ouvert une enquête, qui a donc abouti, vendredi dernier, à cette décision forte de la chambre de jugement.
Il s’agit d’un coup d’arrêt majeur dans le développement de l’équipe anglaise, devenue incontournable outre-Manche depuis une décennie. L’histoire ne s’arrête pas là. City va se battre pour faire annuler le jugement. «Maintenant que cette procédure biaisée est terminée, le club va chercher à obtenir un jugement impartial aussi rapidement que possible», prévient-il. Manchester City va se tourner vers le Tribunal arbitral du sport (TAS). Dans le passé, plusieurs clubs, dont le PSG, Galatasaray ou encore l’AC Milan, ont obtenu la levée de leurs sanctions devant le TAS. Le club parisien a même obtenu un totem d’immunité, le TAS jugeant les faits trop antérieurs pour être rejugés.
Il reste à savoir quelles incidences cette sanction aura pour l’avenir de l’équipe première. Quelques jours auparavant, l’entraîneur à succès Pep Guardiola avait évoqué son avenir, mettant en exergue l’importance de la C1 cette saison avec la perte probable du titre de champion d’Angleterre. «Si nous n’éliminons pas le Real Madrid, je serai viré, avait-t-il pronostiqué dans des propos accordés à Sky Sports. Le propriétaire ou le directeur sportif viendra me voir et me dira, ‘ce n’est pas suffisant, nous voulons la Ligue des Champions’. Et je lui répondrai ‘D’accord, merci, c’était un plaisir’». Les joueurs les plus cotés de l’équipe seront-ils tentés par un départ ?
City très remonté
Sonné, Manchester City va se tourner vers le TAS pour tenter de faire annuler son exclusion future. Sa réaction, quelques minutes après l’annonce de la sanction, laisse à penser que le club se préparait à cette éventualité et, surtout, qu’il ne compte pas baisser les bras. City se dit «déçu mais pas surpris par l’annonce faite». Avant d’ironiser : «Pour dire les choses simplement, c’est une affaire lancée par l’UEFA, (qui a conduit à) une enquête menée par l’UEFA et jugée par l’UEFA […] Le chef enquêteur de l’UEFA (l’ancien Premier ministre belge Yves Leterme) avait publiquement annoncé l’issue et la sanction qu’il comptait prononcer à l’encontre de Manchester City, avant même qu’aucune enquête n’ait débuté. La procédure UEFA qui s’est ensuivie, biaisée et qui a constamment fuité (dans la presse), ne laissait que peu de doutes sur le résultat. Maintenant que cette procédure biaisée est terminée, le club va chercher à obtenir un jugement impartial aussi rapidement que possible et va, dans ce sens et dans un premier temps, entamer une démarche auprès du TAS dans les meilleurs délais.» Le club assure avoir «un vaste ensemble de preuves irréfutables pour appuyer (sa) position».